Expédition à St-Elie (Guyane)
L’histoire que je vous raconte aujourd’hui se passe en février 1987 en Guyane. C’est une très grande aventure que Christine et moi n’oublierons jamais.
C’est la première fois que j’organise une expédition si longue (5 jours) avec 12 personnes dans un milieu hostile, (mygales, serpents dangereux (parfois mortels), jaguar, 100% d’humidité…) sans aucune possibilité de se faire secourir en cas d’accident (pas de portable à l’époque).
Les photos prises dans des conditions difficiles et avec les moyens du moment ne sont pas de très bonne qualité.
Nous allons parcourir 80 kms en pirogue et 35 kms à pied pour arriver à St Elie, village de chercheurs d’or, au cœur de la Guyane.
Nous voici installé dans la pirogue (et non une barque comme dirait ma copine Thalie !!!) Elle fait 12 mètres
Petit Saut (les sauts sont des rapides), hélas ! maintenant il y a un barrage à la place de ce petit coin de paradis.
Après notre pose nous allons quitter le fleuve pour emprunter une crique (bras d’eau généralement semé d’embûches) qui va nous conduire à Gare tigre, point de départ de notre sentier pour rejoindre le village de chercheurs d’or.
Nous allons suivre l’ancienne petite voie ferrée de l’époque (1938), seul chemin à peu près praticable mais périlleux. (toujours notre Christinajones au premier plan).
Passage de zone inondée, il faut éviter de se mouiller les pieds, même s’ils sont loin d’être secs… Cette fois voici crisindianajones (c’est moi) au premier plan !!!
Marcher toujours marcher. Ma seule hantise est de ne pas pouvoir emmener le groupe avant la nuit au carbet (case ouverte avec seulement une toiture et servant d'abri temporaire). Les pieds souffrent, les sacs à dos sont très lourds (hamacs, rechanges, repas pour les 5 jours, gamelles et le luxe … du rhum !!!). Le moral de certains baisse. Nous arrivons au carbet à la nuit tombante. Il faut sortir les lampes à gaz, installer les hamacs, préparer le repas et surtout se mettre à l’aise. Les vêtements nous collent à la peau, ils sont humides et sentent la transpiration. Ici rien ne sèche. La nuit ne fût pas formidable, pour arranger les choses il a plu, certains avaient mis les hamacs sous les gouttières, Christine s’en souvient très bien……. Ce soir là nous avons vu notre premier serpent, un grage-carreau, et une mygale.
Il est tôt, il faut déjà repartir car le chemin est encore long. L’atmosphère est très humide et remettre les vêtements mouillés de la veille n’est pas du tout agréable, et j’vous dis pas l’odeur !!! C’est ça l’aventure... Nous savons tous que la journée va être très longue, on a tous plus ou moins mal quelque part (les pieds, les jambes, les échauffements…) on se demande même qu’elle idée on a eu de se lancer dans cette expédition. Il faut motiver la troupe et rappeler certaines règles de sécurité, nous avons presque tous des fusils. C’est le départ…
Toujours sur notre voie ferrée. Les poses sont de plus en plus longues, la fatigue est là, mais pas l’arrivée. C’est reparti !!!! Et toujours notre Christinajones (tes copines vont être épatées !!!) Des poses, encore des poses, l’humidité est omni présente, les vêtements sont trempés, et je peux vous dire qu’on sent le chien mouillé !!! C’est très glissant, avec la fatigue il ne faut pas faire un faux pas, sinon…. et il ne faut surtout pas marcher sur les planches qui sont pourries, bien rester sur les poutres. Enfin ! Nous arrivons. Nous apercevons notre premier chercheur d’or… Il creuse et lave toute la terre à la recherche de pépites et de paillettes d’or !!!! Incroyable ce qu’ils peuvent déplacer comme terre avec juste une pelle et une pioche. Regardez ! Celui là il attaque la colline !!!
Un four à manioc pour la fabrication du couac (semoule de manioc).
Nous visitons le village rapidement (de toute façon y a rien à voir !!!) Nous rêvions d’une
douche… la voici !!!!! et en plus, elle est glacée
Nous étions tellement «morts » que nous n’avons pas bougé de notre campement, l’ombre du retour planait. Le lendemain il fallait repartir.
Je ne vous raconterez pas le retour, mais c’était très très dur. Nous sommes arrivés dans un état lamentable, épuisés, fatigués, mal aux pieds, certains les pieds en sang. Il y a 20 ans en Guyane, nous n'avions pas le matériel d'aujourd'hui. Sacs à dos et chaussures n'étaient pas au top.
C’est dans ce genre d’aventure que l’on prend conscience que le moral doit être à la hauteur de l’expédition, parfois difficile de ne pas flancher… il faut s’accrocher.
Mais comme chacun sait, les mauvais souvenirs s’estompent et les meilleurs restent… pour nous ça reste un moment fort de notre vie, INOUBLIABLE !!!